Théâtre contemporain, Corps et Mouvement, Cinéma, Ecriture collective

L'heure de B

Septembre 2018 – Janvier 2020


Mise en scène Guillaume Mainguet
Artiste Vidéaste Arnaud Van Audenhove
Coach Corps et Mouvement Laura Abad
avec le collectif Brut-e Julia Gomez, Morgane Maisonneuve, Sophie Péault, Sheila Maeda, Caroline Ferrus, Martin Buraud

Brut-e est un collectif formé par cinq comédiennes nantaises afin de provoquer la rencontre artistique dans le milieu audiovisuel et cinématographique. Nous mettons en place régulièrement des temps forts de travail avec des auteur-trices, réalisateur-trices, scénaristes, comédien-nes, technicien-nes, directeur-trices de casting des Pays de la Loire et d’ailleurs.

Teaser L'heure de B

L'origine du projet

En mars 2018, le collectif Brut-E, composé de cinq comédiennes nantaises, m’invite à collaborer autour d’un atelier de mise en scène. Fort d’une résidence d’écriture à laquelle j’ai participée de septembre à décembre 2017 au Groupe Ouest, je leur propose d’expérimenter une méthode de construction de personnages dramatiques pour le théâtre. Ce travail d’atelier, basé dans un premier temps sur des entretiens individuels avec chacune des comédiennes, rencontre le plateau plus tard à un moment où les personnages sont préalablement définis. Après neuf mois de travail individuel, tous se retrouvent au plateau pour la première fois en avril 2019 pour une mise en commun de l’atelier, et même davantage…

La méthode de travail

La méthode de construction de personnages à base d’improvisation est connue pour être utilisée par le cinéaste britannique Mike Leigh qui s’en est servi pour construire certains des protagonistes et des scénarios de ses films et de ses pièces de théâtre. Les exemples de l’exploration de cette méthode sont remarquables dans ses films Naked (1993) et Secrets et Mensonges (1996). La méthode a été rendue célèbre par le réalisateur Rob Marshall. Elle s’appuie sur l’expérience personnelle et intime des comédiens choisis, enrichie ensuite par un travail d’improvisation au plateau orientée par le metteur en scène. Chacun des comédiens travaille dans un premier temps de manière individuelle avec le metteur en scène, et chacun ignore le travail parallèle des autres comédiens donc des autres personnages avec qui chacun devra composer sur scène plus tard. Les comédiens ignorent également à ce stade du travail la trame narrative dans laquelle ils seront immergés sur scène. Le metteur en scène est le seul à garder une vue d’ensemble du projet. La méthode expérimente de façon originale la rencontre entre le documentaire (la réalité et le vécu offerts par les comédiens) et la fiction (la sublimation apportée par le metteur en scène). Les comédiens apportent la matière de travail nécessaire à la création de personnages, et le metteur en scène la façonne, la taille, la sculpte en fonction de son intention de narration. La confiance des comédiens envers le metteur en scène est doublement requise : il a la responsabilité de ne pas trahir les informations intimes qu’ils lui confient, en même temps que celle de les guider sensiblement le long d’un processus de création « aveugle » dont ils ignorent à peu près tout. La méthode est fragile autant qu’elle offre un résultat détonnant si le metteur en scène ménage bien la surprise de la narration. L’écriture dramatique qui découle de cette construction est une écriture au plateau basée sur l’improvisation des comédiens, qui naît de l’échange permanent entre le metteur en scène et les comédiens qui réagissent spontanément au cadre qui leur est proposé.

Synopsis

Ernst B, illustre metteur en scène aux 40 films et 150 pièces de théâtre, maître incontesté du Septième Art qui a fasciné un demi-siècle de critiques et de spectateurs, vient de mourir. Il est mort chez lui, à Fårö, sur l’île de Gotland, où il s’était installé il y a vingt ans. Malgré une vie d’artiste solitaire dont témoigne sa retraite insulaire, il n’est pas mort seul : sa dernière femme, l’actrice française Roxane Leprince et leur fille Alice B. l’ont accompagné jusqu’au dernier souffle. De sa vie foisonnante et romanesque qui a tutoyé les plus grands succès et les rencontres artistiques les plus prestigieuses et enviées de l’Histoire du cinéma, Ernst B laisse surtout l’image de l’homme aux cent femmes : Pygmalion autoritaire qui a porté aux nues de jeunes actrices inoubliables, et Casanova jouisseur obsédé par la passion amoureuse et le corps des femmes qu’il a mises en scène. Pendant que le monde entier multiplie les hommages aux dimensions tentaculaires du Maître, et salue la sensibilité de l’Enfance qu’il a tant racontée, la profondeur boulever-sante de l’âme humaine qu’il a sondée et la sensualité inédite dont il a éblouie deux générations de spectateurs, c’est dans la stricte intimité de Fårö que le testament de B, rédigé deux ans plus tôt, doit être lu par son avocat et ami Karl Buström. Le testament mentionne le nom de cinq femmes, Elia Candela, Isabel Fontaine, Roxane Le prince, Angélique Marot, Rosabel Sanchez Martinez, cinq maîtresses, cinq aimées, dont B dit lui-même qu’il ne peut se résoudre à réduire. Cinq femmes inoubliables, muses secrètes de sa vie d’artiste, et objets soumis à son pouvoir dominateur. Elles sont cinq femmes parmi beaucoup d’autres qui se sont succédées dans sa vie, se sont rarement croisées, et dont la relation passionnelle au metteur en scène laisse supposer qu’elles n’ont pas de raison de s’apprécier. B a fait promettre à Buström que le testament soit lu à toutes les intéressées dans sa maison de Fårö, lors d’un même séjour. En creux de la dispersion de son inestimable héritage, B s’organise un dernier tour de piste, un jubilé post-mortem, imposant le partage d’un même passé aux protagonistes, qui n’ont ni choisi de participer, ni décider de partager. Ernst B a organisé la lecture de ce testament comme d’autres un week-end entre amis à la campagne. Simplement, spontanément. Mais en réalité, c’est bien dans un dernier geste orgueilleux, sans doute amoureux aussi, qu’il met en scène l’ultime célébration qu’il aurait aimée recevoir de ces cinq femmes et ainsi graver les mémoires à nouveau, définitivement, éternellement. Aurait aimé. Car les cinq femmes arrivent sur l’île avec leur curiosité et leurs blessures encore suintantes de leur amour pour lui. Dans l’atmosphère intemporelle d’une maison déjà devenue musée, se joue la confrontation entre l’artiste et les femmes de sa vie, dont la rencontre fabriquée peut décider de l’avènement définitif du Maître, mais aussi du jugement impitoyable de l’homme. Après tout, ces femmes se rencontrent pour la première fois…

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Collectif Brut-e

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